Liza Kerivel

mauvais-departEditions Goater – Récit – 15 euros
Illustration de couverture Cécile Basecq – Raz de marée

Femme de marin, femme de chagrin, non ?

Mauvais départ est le portrait sensible de Marie Coïc, bigoudène et sardinière écrite par sa petite-fille, Liza Kerivel. Née en 1921, Marie Coïc traverse le XXème siècle d’usines en conserveries, de mouvements sociaux en bouleversements sociétaux avec cette envie chevillée au corps d’offrir à ses enfants une vie meilleure. Les temps ne sont alors ni à l’amour ni à la tendresse ni aux rêves. Il faut lutter contre la misère, l’exploitation, la promiscuité et se projeter dans un avenir plus souriant. Quand sa journée de travail lui laisse le temps d’y penser.

Elle a pour seul dictionnaire une vie entière de déracinement,
d’acceptation, de renoncements.**

Elle se souvient notamment se son amour de jeunesse Tatave :

Qu’elle aurait dû épouser Tatave. Qu’elle n’aurait manqué de rien.
Qu’elle aurait été « riche ». Qu’elle aurait eu « sa » maison.**

A travers sa grand-mère, Liza Kerivel nous offre un récit captivant qui s’inscrit dans l’histoire sociale de la Bretagne. Cet hommage – qui s’appuie sur des photographies décrites – dépeint avec acuité la vie quotidienne de ces femmes, leur soumission à des injonctions sociétales intrusives, leur peine au travail, leur volonté sans faille de construire un avenir plus juste. Avec talent, l’autrice restitue le parler de Marie et ce phrasé chantant si caractéristique du Sud Finistère. Un rythme savoureux qui nous plonge dans ce récit plein d’une tendresse contenue qui fait mémoire de la Bretagne, de la classe ouvrière, d’une vie de femme.

Saluez riches heureux, ces pauvres en haillon,
Saluez ce sont eux qui gagnent vos millions.***

 

*P.26 in Mauvais départ.
**P.67 et 68 in Mauvais départ.
***P.41  in Mauvais départ.