Les sœurs aux yeux bleus
Marie Sizun

les soeurs aux yeux bleus

Arléa – 2019 – 20€

 

Alice et Louise ont-elles compris ce qui se passait, perçu ce noir chagrin de la petite Nini, toujours si gaie, si légère, si insolente ? Louise, inquiète de sa santé, est entrée dans une mélancolie qui la retranche de la vie des autres. Alice, elle, tout occupée de son avenir, est déjà ailleurs. Il reste que cet été à la Bernerie marquera un passage dans la vie des sœurs aux yeux bleus. Comme si, déjà, le destin les séparait.

 

Juin 1877, nous retrouvons Léonard et Livia, la gouvernante suédoise, à Meudon. Hulda, l’épouse de Léonard et la jeune mère de cinq enfants : deux garçons et trois sœurs aux yeux bleus, vient de mourir. Les frères restent en pension en France, les sœurs – Louise, Eugénie et Alice, bébé – partent avec leur père et Livia à St Pétersbourg. Partis pour deux mois, ils y restent 8 ans. A leur retour en France, ils s’installent chez l’oncle Baptiste à La Bernerie-en-Retz. Un retour qui marque leur séparation avec Livia, peu à peu haïe par Louise. Au bord de la mer, dans cette ambiance des stations balnéaires de cette fin du XIXème siècle, la famille affronte la maladie de Louise, les amours empêchés par la pauvreté et la volonté d’Alice de s’affranchir de l’emprise paternelle. Chacune trace son sillon mais l’ombre de Livia pèse sur leur destin.

Autour de la tombe de Hulda, se révèlent peu à peu les secrets de famille et le destin de ces trois sœurs aux yeux bleus s’emballent. Marie Sizun dresse ici un magnifique portrait de femmes portées par leur amour sororal. Ce lien tissé dans l’adversité et l’ennui leur permet de se libérer peu à peu de cette morale bourgeoise et corsetée. Mais l’histoire se répète d’une génération à l’autre et Lô, fille unique d’Eugénie, se trouve confrontée à son tour aux fantômes du passé. L’écriture sensible et incarnée de Marie Sizun pose le décor de ce nouveau roman épique et profondément émouvant. Un nouvel opus qui annonce en filigrane d’autres personnages à laquelle elle a su nous lier avec force. Et, si Lô, dans laquelle Alice retrouve

toute la tendresse et la fragilité de Hulda,

n’était autre que la Fanny de la Femme de l’allemand ?

Gaëlle Pairel, coordinatrice de la FCLB