Archive: Fév 2019

Un très beau roman

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Les sœurs aux yeux bleus
Marie Sizun

les soeurs aux yeux bleus

Arléa – 2019 – 20€

 

Alice et Louise ont-elles compris ce qui se passait, perçu ce noir chagrin de la petite Nini, toujours si gaie, si légère, si insolente ? Louise, inquiète de sa santé, est entrée dans une mélancolie qui la retranche de la vie des autres. Alice, elle, tout occupée de son avenir, est déjà ailleurs. Il reste que cet été à la Bernerie marquera un passage dans la vie des sœurs aux yeux bleus. Comme si, déjà, le destin les séparait.

 

Juin 1877, nous retrouvons Léonard et Livia, la gouvernante suédoise, à Meudon. Hulda, l’épouse de Léonard et la jeune mère de cinq enfants : deux garçons et trois sœurs aux yeux bleus, vient de mourir. Les frères restent en pension en France, les sœurs – Louise, Eugénie et Alice, bébé – partent avec leur père et Livia à St Pétersbourg. Partis pour deux mois, ils y restent 8 ans. A leur retour en France, ils s’installent chez l’oncle Baptiste à La Bernerie-en-Retz. Un retour qui marque leur séparation avec Livia, peu à peu haïe par Louise. Au bord de la mer, dans cette ambiance des stations balnéaires de cette fin du XIXème siècle, la famille affronte la maladie de Louise, les amours empêchés par la pauvreté et la volonté d’Alice de s’affranchir de l’emprise paternelle. Chacune trace son sillon mais l’ombre de Livia pèse sur leur destin.

Autour de la tombe de Hulda, se révèlent peu à peu les secrets de famille et le destin de ces trois sœurs aux yeux bleus s’emballent. Marie Sizun dresse ici un magnifique portrait de femmes portées par leur amour sororal. Ce lien tissé dans l’adversité et l’ennui leur permet de se libérer peu à peu de cette morale bourgeoise et corsetée. Mais l’histoire se répète d’une génération à l’autre et Lô, fille unique d’Eugénie, se trouve confrontée à son tour aux fantômes du passé. L’écriture sensible et incarnée de Marie Sizun pose le décor de ce nouveau roman épique et profondément émouvant. Un nouvel opus qui annonce en filigrane d’autres personnages à laquelle elle a su nous lier avec force. Et, si Lô, dans laquelle Alice retrouve

toute la tendresse et la fragilité de Hulda,

n’était autre que la Fanny de la Femme de l’allemand ?

Gaëlle Pairel, coordinatrice de la FCLB

Vive les émotions

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Bienvenue tristesse
Eva Eland

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Les éditions des éléphants – Dès 3 ans – 14€

 

Essaie de ne pas être effrayé par tristesse. Donne-lui un nom. Ecoute-là.

Un jeune enfant – petite fille, petit garçon – ouvre la porte à Tristesse. Tout d’abord hostile à cette invitée imprévue, l’enfant se rapproche d’elle et l’accueille pour mieux la laisser partir.

 

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Cet album tendre et intelligent accompagne avec subtilité le tout-petit dans la découverte de ses émotions. Accepter d’éprouver, accueillir la tristesse pour la laisser enfin s’échapper et qu’une nouvelle journée commence. La délicatesse du trait, les couleurs pastel accompagnent un texte juste et sobre. Un livre sensible à partager dans la douceur.

 

Gaëlle Pairel, coordinatrice de la FCLB

L’ours et le canard

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May Angeli

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Les éditions des éléphants – dès 4 ans – 14€

L’ours dégagea délicatement l’oiseau et le prit dans sa grosse patte.

A la fin de l’hivers, l’ours est réveillé par un raffut qui sonne la fin de l’hibernation. Il recueille un canard blessé, le soigne et se lie d’amitié avec lui. Convalescent, le canard se perche sur le dos de son nouvel ami pour de longues balades et des conversations infinies. Lorsqu’il guérit, l’oiseau s’envole vers de nouveaux horizons.

Le Canard parti,
l’Ours n’avait plus goût à rien.
Son ami lui manquait.
Il mangeait sans appétit.

L’Ours et le Canard est une histoire d’amitié magnifiée par les gravures sur bois de May Angeli. Subtilement colorées, elles incarnent avec délicatesse les saisons et émotions traversées par les protagonistes. Des sentiments en miroir du temps qui se fige ou se remet en mouvement. Le trait, vif et nervuré, apporte vie à cette rencontre inédite qui se déploie sur plusieurs saisons. Entre séparation et retrouvailles, L’Ours et le Canard nous raconte le bonheur de partager.

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Un album éminemment tendre et poétique

Gaëlle Pairel, coordinatrice de la FCLB

La lanterne de tonton

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Wang Yage – Zhu Chengliang

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éditions HongFei – dès 3 ans – 14,90€

La coutume veut qu’au troisième jour de l’année,
les oncles viennent offrir des lanternes à leurs neveux et nièces.

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La neige est au rendez-vous de ce nouvel an illuminé par les lanternes colorées. La petite Zaodi est émerveillée par ce jaillissement de blanc et de lumière. Elle aimerait que ces réjouissances durent toujours entre retrouvailles familiales, jeux et rondes avec ses amies, vœux échangés. Cette fête villageoise est un moment éphémère, un temps fort et fragile comme ces petites flammes qui viennent conjurer la nuit et le froid.

Au loin, une voix annonce : il est temps d’éteindre les lanternes.
Eteignons les lanternes et faisons nos vœux…

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La délicatesse du propos et du dessin porte cet album jeunesse superbement illustré par Zhu Chengliang. Ses peintures et pastels colorés font jaillir la vie de ce village qui se déploie sur des double-pages somptueuses où se nichent mille détails : une conversation entre femmes, une envolée d’oiseau, un chien affectueux, des jeux d’enfants, un doudou protecteur. Sur les routes enneigées, se croisent enfants et adultes heureux de se retrouver à l’occasion du réveillon.

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Joyeux et mélancolique, ce livre évoque les plaisirs simples et intenses de l’enfance, cette capacité à s’émerveiller et à s’émouvoir, cette immersion dans le présent, ce sentiment de bonheur vif et partagé. Puis, l’ennui et le vide ressentis quand les festivités se terminent. Face à ce temps qui passe, le réconfort de comprendre que :

le nouvel an reviendra, et tonton aussi.

 Un très bel album qui nous raconte le mouvement de la vie
avec émotion et simplicité.

Gaëlle Pairel, coordinatrice de la FCLB