LA TERRE QUI PENCHE
Carole Martinez
Editions Gallimard, 2015, 20€

A tes côtes, je m’émerveille.
Blottie dans mon ombre, tu partages ma couche.
Tu dors, ô mon enfance,
Et, pour l’éternité, dans la tombe, je veille.

La Loue – La terre qui penche, la rivière qui court – revient dans ce troisième opus de Carole Martinez. Cette rivière meurtrière ou aimante autour de laquelle les protagonistes de ce conte se rencontrent, se découvrent, s’aiment et se perdent. Blanche a 11 ans et son sort de princesse est peu enviable auprès de Martin, son père, châtelain violent et coureur de jupon qui la mène à la badine. Blanche rêve d’écrire et de lire mais il le lui interdit, lui qui ne veut pas que le diable s’empare d’elle. Promise à Aymon, enfant roi fou et solaire, elle quitte la demeure paternelle et se révèle dans cette nouvelle vie qui lui offre la connaissance, la liberté, l’amour . Elle va aussi apprendre auprès de la Dame verte l’histoire de sa naissance, celle de ses parents et s’émancipe pour toujours de ses peurs et de l’ignorance.

Je suis une femme à présent, une femme qui sait lire, je peux écrire en mon nom. Je briserai les badines sur les côtes de ceux qui m’en menaceront, je ferai la nique au diable et je mordrai les enfants qui jettent des cailloux aux pendus.
Bouc me l’a dit,
plus personne ne parviendra à me contraindre désormais
et mon père l’a compris.

La narration se construit à deux voix – celles de La vieille âme et de la petite fille – deux voix qui nous dévoilent au fil des chapitres le destin de Blanche. Révoltée par sa condition, Blanche incarne une petite fille malgré tout docile, assoiffée d’amour, de savoir et de connaissance. Nous sommes en 1361 en Bourgogne où la vie est âpre, où les croyances et la peur sont inculquées aux enfants, où l’homme, la femme, les animaux et la nature se lient et se côtoient entre amour et haine. Dans ce Moyen-âge cher à Carole Martinez, les femmes s’émancipent dans un monde brutal où la mort, l’oppression et la violence sont omniprésentes. Son écriture tendue, ciselée, poétique porte un texte picaresque où se mêlent la filiation, la quête de soi et la vertu de la connaissance. Cruel, sensuel et drôle, La terre qui penche nous ensorcelle littéralement.

Gaëlle Pairel, coordinatrice de la FCLB

Dans le cadre de Libres en littérature consacrée à l’enfance
Lectures vagabondes vous invite à une rencontre avec Carole Martinez
en partenariat avec la Médiathèque de Liffré

Mercredi 18 octobre à 20h

PROGRAMME COMPLET EN UN CLIC : ENFANCE(s) – 7ème édition Libre en littérature

 

Information & réservation :
Lectures Vagabondes – 28, avenue François Mitterrand 35340 Liffré
Tél. 02 99 68 59 32 – Mél. lecturesvagabondes@orange.fr – www.librairie-lectures-vagabondes.com