Cinq rencontres-lectures dont 2 ateliers avec :

Valérie LINDER
Mardi 19 mars à 19h30 – L’Embellie à La Bernerie-en-Retz
Vendredi 22 mars à 17h atelier – La Cabane à lire à Bruz
Samedi 23 mars à 10h30 atelier – L’Ivresse des mots à Lampaul-Guimiliau

Grégoire SOURICE
Jeudi 21 à 20h – Ulysse à l’ouest à Bécherel

FALMARÈS
Samedi 23 à 18h30 – La Gède aux livres à Batz-sur-Mer

Poésie et images sont au cœur de ces rencontres avec Valérie LINDER. Illustratrice, plasticienne, elle enseigne et multiplie ses collaborations avec des poètes : Amandine Marembert, Albane Gellé, etc. Sa technique favorite, l’aquarelle et les crayons de couleur, lui apporte une grande liberté d’expression. Sa palette colorée expérimente un langage avec sa propre grammaire.

Autrice, Valérie Linder écrit et illustre ses livres dédiés à toutes les générations. De nombreuses maisons d’édition ont été séduites par son travail : Esperluète, Chandeigne, CotCotCot, L’Ail des ours, l’Atelier des Noyers, Cadex… Éditrice, elle crée Dès ce matin et auto-édite notamment Chorégraphie de papier ainsi qu’un tryptique de Leporellos : De l’air à elle, Amiesoeurs, Je suis rivière et une vingtaine de collections de cartes postales.

Dans l’œuvre de Valérie Linder, la poésie est partout et à la portée de chacun et chacune. Elle s’immisce et s’observe dans la vie, la nature, l’amitié, la famille. Autant de thèmes et de « gestes » qui s’exécutent, se transmettent : ceux de l’écriture, du dessin, et ceux par exemple du quotidien, que l’on retrouve dans la collection des Gestes éditée par Esperluète.
Valérie Linder présentera des extraits de ses livres pour partager son travail de traduction passant du texte à l’image et inversement. Elle animera également des ateliers qui montreront tout l’intérêt qu’il y a d’entrelacer images et poésie.

« Lézarde ou trait de crayon.
Ocre rouge dérobé au mur
ou à la palette.
Eau trouble du pinceau
ou eau verte des canaux :
c’est la peau sensible
de la ville qui vibre sous
les doigts de la voyageuse.
Vous reprendrez bien
une tasse de couleurs… »

(Venise rose le soir, éd. Atelier des Noyers)


Auteur dit émergent, installé à Marseille, Grégoire SOURICE a collaboré aux Cahiers critiques de poésie du Centre international de poésie de Marseille (CipM) et publie dans plusieurs revues dont Nioques, Chiche. Il co-dirige une collection éditoriale au sein de Zoème et s’implique dans une imprimerie associative et militante. Son écriture puise dans différentes matières, au sens propre comme au sens figuré. Elle semble parfois influencée par la poésie pongienne. Nous proposons de la découvrir à travers deux textes.

La Gelée du vivant. Cette rencontre débutera par une discussion et une lecture d’extraits de son premier livre édité par Zoème. Le temps de l’écriture s’y confond avec le temps du deuil. Ce texte composé d’associations, de montages et de collages fascine. La rate se fait motif obsessionnel. C’est l’organe qui relie la mort de deux ami.e.s. La poésie de Grégoire Sourice dialogue parfois avec les sciences, en quête d’exactitude et des imperfections du vivant que l’on peine à comprendre, à rattraper face à la mort.

Le Cours de l’eau. Pour continuer, Grégoire Sourice présentera en avant-première cet essai poétique à paraître aux éditions José Corti. Il se déclare « Rédacteur possible » du code civil et s’intéresse en particulier aux articles consacrés à la propriété privée et à l’eau depuis le 19e siècle. Les époques défilent dans ces commentaires, cet exercice de dissection. Désarticuler le langage du droit, souvent absurde, permet d’imaginer un monde qui ne soit plus centré sur le fait de posséder et qui transformerait l’eau en sujet.

« Le vivant est une organisation qui bouge, un composé pensant, une errance, une nutrition.

Nous nous agglutinons contre la chair et les qualités traversent les membranes, on se colle à quelqu’un et bientôt des tics de langage apparaissent, s’échangent. Mais une fois le corps soustrait, à quel semblant de chair nous appliquer ? »
(p.34 La Gelée du vivant, éd. Zoème)


« Tu ne peux pas perdre les souvenirs des moments heureux passés ici. Tu ne les possèdes pas. S’ils disparaissent, tu disparais avec eux : c’est une histoire de trame. »
(p.59 Le Cours de l’eau, éd. José Corti)


Falmarès est l’une des plus jeunes voix de la poésie guinéenne. Dans son parcours – son exil – sinueux, il ne cesse d’écrire. Ses premiers recueils ont été publiés en France par les éditions Les Mandarines : Soulagements (2018), Soulagements 2 (2020) et Lettres griotiques (2021). Puis par les éditions Yigui : Syli ô Guinée (2023). Qualifié de « Réfugié poétique », il dit n’écrire pas seulement pour lui mais pour celles et ceux qui ont vécu et continuent de vivre une histoire semblable à la sienne. Sa poésie se fait ainsi intime autant qu’universelle.

Catalogue d’un exilé est son dernier recueil préfacé par le poète tchadien Nimrod. Écrit entre 2019 et 2023, il réunit une centaine de poèmes de formes brèves teintée de lyrisme et présentée par Falmarès comme un « outil d’apprentissage, un moyen de résistance, un moyen de survie » (p.27). Son histoire est celle d’une mémoire vive permanente qui lui a donné la force de traverser les pays et de rejoindre l’ouest de la France, sa terre d’accueil. Il convoque régulièrement ses souvenirs d’enfance et son héritage familial auquel appartiennent les griots. Son héritage est aussi celui des poètes à qui il rend hommage : Senghor, Césaire, Rimbaud, et tant d’autres. Il apprivoise le présent, la vie qui malgré tout continue, en poésie toujours.
Cette odyssée « falmarèsienne » pleine d’espoir contient une vraie musicalité. Falmarès se « déclame être lyre » (p.230). Nous l’entendrons au rythme de cette rencontre grâce à plusieurs lectures de poèmes.

« Carte d’identité
Je ne suis ni guinéen ni africain
Je ne suis ni français ni américain
Ni d’aucune autre nationalité.

Poète je suis,
La littérature est ma patrie
La poésie, ma langue nationale. »
(p.69 Catalogue d’un exilé, éd. Flammarion)

Crédits photographiques respectifs : Hubert Linder, Emma Cossée Cruz, Marie Dos Santos-Barra